Haïti/Transport: Quand la corruption prive une population déjà défavorisée des services sociaux de base.

La mobilité constitue un élément incontournable au développement économique et commercial d’un pays. C’est un service très caracteristique qui se définit comme le déplacement d’un bien ou d’une personne d’un lieu à un autre. Le transport est pris en compte dans les analyses sur le développement humain car il permet d’atteindre les laissés pour compte….(1) Pour la Banque Mondiale, c’est un élément clef dans la logistique commerciale des pays avancés ” La plupart des pays mettent en œuvre des réformes ou investissent dans des infrastructures afin de faciliter le transport et les échanges et promouvoir des services modernes et efficaces.”(2). Donc, l’état du secteur transport peut renseigner sur le développement économique d’un pays.

En Haïti, l’état des routes et leur insuffisance font souffrir énormément la population dans le déplacement des personnes et l’acheminement des marchandises, le désenclavement, la création d’emplois directs et indirects, l’accessibilité à des infrastructures et des services sociaux, etc. Selon les statistiques, on recense 4370 km de routes dont 1714 kilomètres sont asphaltées. La construction ou la maintenance des routes est supporté par l’international soit sous forme de prêt ou de don. Ce qui est étonnant de constater, malgré le niveau de dégradement des routes certains profitent pour faire du détournement de fonds et/ou autres pratiques de corruption. A titre d’exemple, le président Jovenel Moïse est impliqué dans un scandale financier dans le cadre du projet “Route Borgne/Petit Bourg de Borgne”(3).

Malgré la présence des différentes structures étatiques qui gèrent la question des routes, les réseaux routiers ne sont pas bien entretenu et même si de nouvelles routes sont construites l’État dépense beaucoup plus d’argent. Ajouté à cela, la corruption qui accompagne ses travaux ont un impact très négatif sur la qualité des ouvrages. Ainsi, ce sont les familles haïtiennes vulnérables des zones défavorisées  qui continuent à ne plus avoir accès à des services sociaux de base de qualité (éducation, santé, eau et assainissement, etc.). Ces privations peuvent être considérées considerees commes des barricades qui constituent de graves violations des droits socio-économiques et culturels de la population. Donc, il est plus que légitime pour que la population se mobilise afin d’exiger un traitement digne de la personne humaine.

Henri-Robert PIERRE-LOUIS

1- Selin Jahan et al. Rapport sur le développement humain 2016. PNUD, New-York, 2016
2- Indice de performance logistique : l’écart de performance se maintient entre pays développés et en développement.
https://www.banquemondiale.org/fr/news/press-release/2018/07/24/trade-logistics-gap-persists-between-developed-and-developing-countries
3- Rapport PetroCaribe. Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif

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